Impact psychologique

Isabelle de Mallmann, Psychologue

Réactions émotionnelles

Les allergies alimentaires provoquent des réactions émotionnelles chez les enfants et leurs parents. Il est important de définir ces réactions et d’en tenir compte dans leur suivi afin d’améliorer la qualité de vie de ces familles.

Les principales réactions sont :

l’anxiété par rapport à un accident en dehors de la zone de confort, d’où difficultés pour faire garder les enfants, assister à des événements sociaux, voyager...
la peur de manger de nouveaux aliments, ce qui implique parfois des problèmes d’alimentation car l’aliment n’est plus synonyme de plaisir.
la crainte d’être identifié comme différent voire même d’être exclu par les autres, ce qui peut mener les enfants à refuser de porter leurs médicaments sur eux.
la frustration de ne pas pouvoir goûter un aliment qui fait envie ou de ne pas pouvoir manger comme les autres surtout lors d’occasions spéciales.
le sentiment d’injustice chez les enfants comme chez les parents qui peut mener, chez ces derniers, à un sentiment de culpabilité.

Les allergies alimentaires sont graves, les enfants et leurs parents doivent en prendre conscience sans toutefois dramatiser la situation ou laisser les réactions émotionnelles décrites plus haut prendre le dessus.

Les parents d’enfants allergiques peuvent devenir très anxieux car ils vivent quotidiennement avec la crainte de l’accident. Cette anxiété peut mener à une surprotection des enfants et créer une relation de dépendance exclusive. De plus, les parents peuvent transférer leur anxiété sur leurs enfants qui risquent alors de développer une personnalité anxieuse.

Aider les familles d’enfants allergiques

Pour parer à ces problèmes, quelques pistes :

informer les parents mais aussi le monde extérieur afin de minimiser le risque d’accident et l’anxiété que cela génère en les informant le mieux possible sur la façon d’éviter les accidents et sur la façon de réagir en cas d’accident. Leur donner une information appropriée qui dédramatise la situation et ce afin de limiter leur angoisse.
donner des clés pour gérer le stress que cela occasionne et la peur qui naît des risques liés aux allergies alimentaires afin qu’ils puissent en maîtriser les conséquences.
partager la responsabilité par rapport aux allergies de leurs enfants au niveau parental mais aussi avec les responsables auxquels on les confie afin d’éviter la toute puissance d’un des parents par exemple.
rassurer les enfants en leur expliquant en fonction de leur âge et de leur personnalité de quoi il s’agit. Essayer de bien clarifier la situation pour qu’ils ne soient pas inquiets en leur donnant des explications simples mais précises sur leurs allergies et comment les gérer en cas de problème.
les soutenir en leur expliquant que chacun a son petit fardeau à porter et que le leur, ce sont les allergies alimentaires, afin que petit à petit, ils puissent s’approprier leurs allergies, se responsabiliser et devenir autonomes en sachant comment les gérer avec confiance voire fierté.

Les défis posés aux familles évoluent avec l’âge des enfants. Alors que les enfants de 3 à 6 ans peuvent présenter des attitudes de refus alimentaire ou d’opposition à l’éviction de certains aliments, ceux de 6 à 10 ans peuvent manifester de la crainte voire de l’angoisse lorsqu’ils se trouvent hors de leur zone de confort. Quant aux adolescents, leur besoin de se démarquer de leur entourage et d’appartenir au groupe de leurs pairs, peut les empêcher de parler de leurs allergies (ne pas partager leurs soucis, ne pas avertir leurs amis de leurs allergies, …) voire même les pousser à prendre des risques (ne plus lire les listes d’ingrédients, manger en cachette des aliments interdits, …).

Les parents doivent rester attentifs à leurs enfants : chaque enfant sera prêt à prendre l’indépendance décrite auparavant à un âge différent, en fonction de sa propre maturité, des attitudes parentales, de la gravité de ses allergies.

Si vos enfants présentent des problèmes émotionnels ou psychologiques à cause de leurs allergies, vous pouvez en parler à votre allergologue ou alors prendre contact avec un psychologue. Il est en effet important de faciliter l’expression de leur ressenti auprès de personnes de confiance qui puissent les aider à comprendre ce qui se passe dans leur corps et à le gérer.

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